Refondation et transition constitutionnelle à Madagascar
Ces dernières semaines, Madagascar a été secoué par un vaste mouvement de contestation mené par la « Gen Z », exaspérée par la corruption et la crise sociale, qui a précipité la chute du président Andry Rajoelina. L’intervention du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT) a conduit à la formation d’un gouvernement de transition militaire et à la suspension de la Constitution, provoquant la suspension immédiate du pays par l’Union africaine. Dans cet article, le Dr Juvence F. Ramasy analyse cette séquence charnière à la fois politique et constitutionnelle : le rôle ambigu de la Haute Cour constitutionnelle dans la légalisation du changement de régime, les tensions entre légalité et légitimité, et les promesses d’une refondation nationale à venir. Alors que se préparent des assises multisectorielles destinées à redéfinir le pacte social malgache, l’auteur interroge si cette transition marque une véritable rupture démocratique ou une continuité du pouvoir sous d’autres formes.
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Introduction et contexte
Depuis plusieurs semaines, Madagascar traverse une crise politique et sociale d’une intensité rare. Ce sont d’abord les jeunes—surnommés le mouvement “Gen Z Madagascar”—qui, exaspérés par les pannes d’eau et d’électricité à répétition, la montée du coût de la vie et l’absence de perspectives, ont fait éclater leur colère dans les rues d’Antananarivo et d’autres grandes villes. Très vite, ces rassemblements spontanés, nourris par les réseaux sociaux, ont pris la forme d’un vaste mouvement de contestation contre la corruption, le népotisme et la mauvaise gouvernance. Le pays, déjà fragilisé par des années de malaise économique et d’instabilité, a vu la grogne populaire se transformer en une revendication politique profonde. Ces protestations, d’abord pacifiques, se sont intensifiées au fil des semaines, faisant selon les Nations Unies au moins 22 morts et de nombreux blessés, tandis que les appels à la démission du président se faisaient de plus en plus pressants.
L’Union africaine a immédiatement suspendu Madagascar pour « changement inconstitutionnel de gouvernement », tandis que plusieurs puissances étrangères appellent à un retour rapide à l’ordre démocratique.
Le 14 octobre 2025, la situation a basculé. Après plusieurs jours de tensions, une unité d’élite de l’armée—le Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT)—a rejoint les manifestants, précipitant la chute du président Andry Rajoelina, destitué par le Parlement avant de fuir le pays. Dans la foulée, le colonel Michael Randrianirina s’est proclamé chef d’un gouvernement de transition, promettant d’organiser une refondation nationale sur deux ans. Quelques heures après sa prise de pouvoir, la Constitution a été suspendue, tout comme les principales institutions civiles, désormais placées sous l’autorité directe du Conseil militaire de transition. Si cette mesure a été présentée comme nécessaire pour « rétablir l’ordre et refonder l’État », elle a aussitôt suscité une vive inquiétude tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. L’Union africaine a immédiatement suspendu Madagascar pour « changement inconstitutionnel de gouvernement », tandis que plusieurs puissances étrangères appellent à un retour rapide à l’ordre démocratique. Ces évènements plongent donc le pays dans une nouvelle période d’incertitude politique et sociale, et marquent une nouvelle étape dans l’histoire constitutionnelle du pays.
Kleptocratie et démocratie illibérale
L’ancien président Andry Rajoelina est arrivé au pouvoir en 2009 à la suite d’un coup d’État perpétré par le CAPSAT le 17 mars. Ce corps s’était mutiné le 8 mars pour ensuite se rapprocher de Rajoelina. Ce dernier sut exploiter les divisions et mécontentements au sein de l’institution militaire—favoritisme envers la gendarmerie et la police nationale et non-respect de la hiérarchie, du grade et de l’ancienneté dans l’octroi des postes de commandement—pour faire de l’armée un levier dans son ascension au pouvoir. Il sut également capitaliser sur l’autoritarisme de l’ancien président Marc Ravalomanana (2002-2009) et la domination de son conglomérat Tiko, qui amenèrent la société civile et l’élite économique à s’opposer à lui.
De 2009 à 2013, Rajoelina fut à la tête d’une transition marquée par une gouvernance criminelle et le développement d’une économie informelle. Il a été forcé de se retirer de la présidence sous la pression de l’Union Africaine et de la Communauté de développement d'Afrique australe, mais fut ensuite élu président de la République en 2018 et réélu en 2023 à la suite d’une élection boycottée par l’opposition et de contestations populaires.
Ce régime, comme les précédents, s’est caractérisé par une hégémonie au sein des sphères politiques et économiques. Une gouvernance autoritaire était à l’œuvre, se manifestant par une profusion de mécanismes illibéraux : faible institutionnalisation de l’architecture démocratique (y compris les partis politiques, le système judiciaire, et les forces de défense et de sécurité), manipulation et politisation des institutions, instrumentalisation politique des citoyens et du corps électoral, monopolisation de l’information, désinformation, et corruption systémique se traduisant par une impunité généralisée. A cela s’est ajouté un modèle de développement extraverti—le Plan émergence Madagascar—qui n’est en fait qu’un combiné de projets sophistiqués n’ayant conduit ni à une transformation sociale, ni à la réalisation des droits collectifs de la nation. Ainsi, au lieu de représenter un gouvernement de croissance, il apparaît comme celui de l’inégalité avec une pauvreté dans le pays stagnant autour de 80 %.
Gen Z(andry) : poster, manifester et s’engager
Les instigateurs du nouvel agencement de l’État sont les jeunes de la Gen Z, issus de la capitale mais également de villes comme Antsiranana, Mahajanga, Toamasina et Toliara. Leur intrusion et prise de parole sur la scène socio-politique constituent une disruption au sein d’une société hiérarchisée où prédomine l’idéologie lignagère de l’aînesse avec une forte place assignée aux razana, (les ancêtres). La Gen Z—le Z signifiant zandry ou « cadet » dans le sens de « cadets-sociaux » en malgache—a réussi cette mobilisation coordonnée grâce à une utilisation habile des réseaux sociaux (Facebook, Discord, WhatsApp, et TikTok), mettant à mal la surveillance numérique de l’État.
Cette politique en ligne eut pour origine des demandes sociales tournant principalement autour de l’accès à l’eau et à l’électricité, auxquelles s’ajoutent la lutte contre la corruption et la liberté d’expression. En effet, la capitale et les principaux centres urbains sont confrontés à des coupures et délestages pouvant atteindre plusieurs heures par jour, voire plusieurs jours. D’après la Banque Mondiale, seulement 54,4 % de la population a accès à l’eau et le taux d’électrification tourne autour de 30 %, touchant de manière disproportionnée les zones rurales, les communautés pauvres et les ménages dirigés par des femmes. Cette situation illustre une formation asymétrique de l’État et une rupture entre le monde rural (qui constitue la majorité de la population) et le monde urbain.
Face à des institutions non représentatives, les jeunes provenant de zones urbaines sont descendus dans la rue pour revendiquer leurs droits face à des autorités ayant interdit toutes manifestations. Ces manifestations ont subi l’habituelle violence paroxystique de l’État à travers le bras armé de la gendarmerie et son unité d’élite, le Groupement de sécurité et d’intervention spéciale, causant plus d’une vingtaine de morts et plus d’une centaine de blessés.
Retour des forces armées sur l’avant-scène politique et la transition constitutionnelle
Le président Andry Rajoelina a quitté le pays le 12 octobre 2025. Dans un discours diffusé sur les réseaux sociaux, il a précisé avoir été contraint de trouver un lieu sûr pour protéger sa vie, sans pour autant annoncer sa démission. Il a également précisé que sa fuite faisait suite à une tentative de coup d’État menée par une faction militaire, et a appelé au respect de la constitution. Le 14 octobre, ignorant un décret de Rajoelina visant à la dissoudre, l’Assemblée nationale a procédé à sa destitution avec 130 voix pour et une voix blanche, le déclarant coupable d’abandon de poste. Cet épisode illustre la grande volatilité des loyautés politiques, y compris au sein du parti de Rajoelina, qui compte 84 députés. Le même jour, le colonel Michael Randrianirina, chef de l’unité militaire d’élite CAPSAT, a été investi président intérimaire par la Haute Cour constitutionnelle (HCC).
Alors que le départ du président Andry Rajoelina répond à l’une des revendications des Gen Z, la prise de pouvoir par le CAPSAT représente un coup d’État dans la lignée des coups correctifs visant apparemment à changer la trajectoire de l’État. Les militaires ont légitimé l’intervention comme une solution à la mauvaise gestion politique, économique et sociale de Rajoelina.
Ce retour des forces armées s’inscrit dans une longue histoire remontant au temps précolonial du Royaume de Madagascar et qui a ressurgi lors de la première crise postcoloniale de 1972. Ce moment a introduit une « prétorianisation » de la politique se caractérisant par des entrées et (fausses) sorties de pouvoir par l’armée. Cette dernière a exercé le pouvoir de manière directe entre 1972 et 2001, à l’exception de la période de 1993 à 1996 où un civil, Albert Zafy, a été président de la République. Cependant, elle exerce également un pouvoir indirect, se rangeant dans l’État profond et en ressortant quand elle constate que l’ordre politique semble vaciller.
La prise de pouvoir par les militaires du CAPSAT le 14 octobre s’apparente à un « bon » coup d’État, ayant reçu le soutien de la population et celui de l’autorité constitutionnelle.
La prise de pouvoir par les militaires du CAPSAT le 14 octobre s’apparente à un « bon » coup d’État, ayant reçu le soutien de la population et celui de l’autorité constitutionnelle. En effet, des scènes de liesse ont accompagné le changement d’autorité. D’ailleurs, selon une enquête de l’Afrobaromètre menée à la fin 2024, six Malgaches sur dix (60 %) considèrent qu’il est « légitime que les forces armées prennent le contrôle du gouvernement lorsque les dirigeants élus abusent du pouvoir à leurs propres fins ». Parmi eux, 45 % souhaitent que l’armée rétablisse rapidement un pouvoir civil.
Intervention de la Haute Cour constitutionnelle dans la crise politique
Nous nous trouvons actuellement au cœur d’un façonnement de l’État où le bricolage juridique est utilisé pour tenter d’offrir une légitimité constitutionnelle au soldiers in mufti (soldats en civil). Cette situation témoigne d’une véritable théâtralisation du constitutionnalisme, où l’ingénierie constitutionnelle est tronquée pour ne devenir qu’un instrument des relations politiques et sociales, révélant la vacuité d’une culture constitutionnelle réduite à une instrumentalisation du droit par les acteurs politiques.
En effet, le 12 octobre 2025, dans ce contexte de vacance de la fonction présidentielle, le vice-président de l’Assemblée nationale a saisi la Haute Cour constitutionnelle (HCC) afin d’obtenir un avis sur la légalité de certaines décisions de l’exécutif jugées contraires à la Constitution et sur la manière de résoudre la crise politique. Cette saisine visait notamment à clarifier l’étendue des pouvoirs respectifs des institutions de l’État et à encadrer l’action du gouvernement face aux contestations parlementaires, dans un contexte où le dialogue institutionnel semblait paralysé.
Cependant, la saisine de la HCC par le vice-président de l’Assemblée nationale n’était nullement prévue par la Constitution de 2010, qui, selon son article 119, réserve ce droit uniquement aux chefs d’institution et à tout organe des collectivités territoriales décentralisées pour donner son avis sur la constitutionnalité d’un projet d’acte ou l’interprétation d’une disposition constitutionnelle. La démarche du vice-président s’inscrit donc en dehors du cadre formel prévu par la loi fondamentale.
Ces deux décisions montrent que la HCC a outrepassé sa mission, s’érigeant en autorité médiatrice, voire en « gouvernement des juges ».
Dans sa décision n°10-HCC/D3 du 14 octobre 2025 portant sur cette requête, la HCC écarte la question de la recevabilité pour invoquer son « pouvoir de régulation des institutions de l’État ». Ce pouvoir, qui n’a aucun fondement constitutionnel ou légal explicite, repose uniquement sur la jurisprudence de la décision n°18-HCC/D3 du 25 mai 2018, rendue dans le cadre d’une requête en déchéance du Président de la République Hery Rajaonarimampianina dans un contexte d’une crise pré-électorale. Cette décision de 2018 avait permis au parti d’Andry Rajoelina (majoritaire à l’Assemblée nationale) de proposer Christian Ntsay comme Premier ministre, nommé le 4 juin 2018, et à l’instauration d’un gouvernement de consensus le 11 juin pour organiser une élection présidentielle anticipée. Dans sa décision du 14 octobre 2025, face à l’impasse politique, la HCC confie le pouvoir à l’autorité militaire compétente incarnée par le colonel Michaël Randrianirina afin exercer les fonctions de chef d’État. Ces deux décisions montrent que la HCC a outrepassé sa mission, s’érigeant en autorité médiatrice, voire en « gouvernement des juges ».
Pour qualifier et constater la vacance de la fonction présidentielle au regard de l’article 52 de la Constitution, la HCC évoque un « abandon passif » du pouvoir, reposant sur le fait que le président de la République ne se trouvait pas, ou ne pouvait se trouver, sur le territoire malgache. En effet, ce dernier aurait été exfiltré par un avion militaire français le 12 octobre. Dès la constatation de cette vacance, les fonctions du chef d’État sont exercées par le président du Sénat. Or, le 12 octobre, le général Richard Ravalomanana a été démis de sa fonction de président du Sénat à la demande des membres du bureau permanent, au profit d’une direction collégiale assurée par le sénateur Jean André Ndremanjary pour les affaires courantes, jusqu’à l’élection d’un nouveau président.
Toutefois, selon l’article 7 alinéa 13 du règlement intérieur du Sénat, pour être démis de leurs fonctions de membres du bureau permanent, un vote de deux tiers des sénateurs est requis. La situation politique a donc prévalu sur le droit, comme dans l’ensemble des changements de régime à Madagascar. Ainsi, dans le cas de la vacance du poste de président du Sénat, les fonctions de chef de l’État ont été exercées collégialement par le gouvernement, composé du Premier ministre, du général de division Ruphin Zafisambo (nommé le 6 octobre), et des ministres en charge des forces armées, de la sécurité publique et de la gendarmerie. La HCC a estimé que ce gouvernement était également dans l’impossibilité d’assurer le fonctionnement normal de la vie de la nation, et a donc conclu que l’autorité militaire, incarnée par le colonel Michaël Randrianirina, était la plus à même d’exercer la fonction de chef de l’État. En agissant de la sorte, la HCC a légalisé un coup d’État, s’inscrivant dans la continuité des précédentes décisions de 1972, 1975, 2002 et 2009.
L’investiture du colonel Michaël Randrianirina
Le colonel Michaël Randrianirina fut investi président de la Refondation de Madagascar le 17 octobre en présence de la société civile et politique, des forces armées et des représentations internationales en dépit de la suspension de Madagascar par l’Union africaine. Cette reconnaissance internationale résulte d’actions de lobbying et surtout sur le fait d’avoir maintenu les institutions parlementaires et de la HCC, contrairement aux promesses initiales lors de la prise de pouvoir.
Elle peut également s’expliquer par la concurrence stratégique dans l’Indopacifique, où Madagascar dispose d’une position géostratégique avantageuse, et par les contacts préalables établis avec la Russie, premier pays à avoir rencontré les nouvelles autorités. Depuis lors, des rencontres diplomatiques régulières sont organisées afin de rassurer les partenaires sur les mesures visant à refonder l’État malgache avant tout processus électoral qui devrait se tenir dans deux ans au plus tard.
Refondation ou révolution passive ?
Madagascar se trouve à un point de bascule. Cette période pourrait marquer un temps de refondation, impliquant des réformes sur la manière de gouverner le pays. Cependant, la nomination du civil Herintsalama Rajaonarivelo, le 20 octobre, en tant que Premier Ministre a suscité des réserves en raison de ses liens présumés avec les anciennes élites dirigeantes. Ancien membre du conseil d’administration de Madarail, liée à Andry Rajoelina, il incarne l’influence persistante de l’État profond. La composition du nouveau gouvernement, formé le 28 octobre, renforce cette impression : elle recycle plusieurs figures issues des entourages des anciens présidents Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina et d’anciens proches de Rajoelina. À leurs côtés se trouvent tout de même de nouvelles figures politiques telle que Lucie Vololoniaina (connue sous le nom de Lily Rafaralahy), ministre du Tourisme et de l’Artisanat, conseillère municipale d’Antananarivo et une des leaders du mouvement Tsy manaiky lembenana (qui ne se laisse pas faire) aux côtés d’Alban Babà Rakotoarisoa et Clémence Raharinirina, et du mouvement citoyen du 25 septembre. Mais ce gouvernement comprend surtout des personnalités controversées et critiquées par la Gen Z qui d’ailleurs pas été consultée.
Le mouvement initié par la Gen Z pourrait s’avérer être une « révolution passive » : malgré l’intrusion de nouvelles élites dans le jeu politique et l’édiction de nouvelles règles permettant le passage d’un régime à un autre, le système ne change pas pour autant. L’ordre politique ancien reste maintenu dans l’État profond par l’alliance des forces armées et de l’élite économique. Toutefois, lors de son discours d’investiture du 17 octobre, le colonel Randrianirina a posé les bases de la refondation :une rupture et une réforme de l’État ; la bonne gouvernance, la redevabilité et la tolérance ; une politique d’austérité ; une collaboration et coopération avec l’ensemble des partenaires internationaux ; et l’organisation d’assises multisectorielles à moyen terme. Ces assises devraient rassembler toutes les forces vives du pays, notamment les acteurs du mouvement populaire, afin d’élaborer une nouvelle Constitution et de nouvelles lois électorales.
Les assises multisectorielles semblent s’inspirer du fihaonambem-pirenena (forum national) organisé en 1992 par le FFKM, le conseil chrétien des Églises, pour l’élaboration de la Constitution de 1992. Il s’agissait d’un processus constituant multilatéral tout en étant un symbole de réinvention de la démocratie à l’instar des conférences nationales béninoises. Ainsi les assises multisectorielles et la transition constitutionnelle se veulent être un consensus inclusif passant par la négociation des principales décisions avec l'ensemble des acteurs, y compris ceux de l'ancien régime. Il a été ainsi fait appel à l’ancien Président d’Afrique du Sud Thabo Mbeki et à sa fondation afin de conduire les débats au regard de son expérience et d’un désir d’avoir une autorité neutre. Ce dernier a d’ailleurs permis la réintégration de Madagascar au sein de l’Union Africaine en 2003. Ces discussions auront lieu en étroite collaboration avec la Ministre d’État auprès de la Présidence chargée de la Refondation, Ms. Lobo Hanitrinianina Razafimanantsoa. Par conséquent, la tenue de ces assises donnera une indication sur la direction réelle de cette refondation.
Pour que cette transition constitutionnelle soit démocratique, elle devra reposer sur l’équilibre trouvé entre la résurgence du constitutionnalisme et la souplesse indispensable à cette période de bouleversements politiques et constitutionnels.
La transition constitutionnelle en cours devrait installer les bases d’une véritable refondation, rompant avec le cycle des processus constituants non inclusifs tel que celui ayant conduit à l’adoption de la Constitution de 2010, limité à un cercle restreint à défaut d’une assemblée constituante conduisant à la fragilité des constitutions post-transitionnelles. Pour que cette transition constitutionnelle soit démocratique, elle devra reposer sur l’équilibre trouvé entre la résurgence du constitutionnalisme et la souplesse indispensable à cette période de bouleversements politiques et constitutionnels. La nouvelle constitution ne devrait pas être une constitution partisane s’apparentant à un enjeu politique dans la quête de légitimité mais plutôt s’inscrire dans le cadre de l’adoption d’un nouveau pacte social par la population. Il faudrait ainsi que l’enjeu social prennent le dessus sur l’enjeu partisan pour que Madagascar puisse construire un État démocratique stable et inclusif.
Dr. Juvence F. Ramasy est Maître de Conférences en science politique à l’Université de Toamasina, Madagascar. Il a écrit plusieurs articles scientifiques traitant de l’État, les élites, l’armée, les processus de démocratisation et d’autocratisation, et les relations internationales dans la région indianocéanique. Il vient de publier « Le façonnement de l’État en postcolonie indianocéanique. L’hybridité malgache » aux éditions Sépia en juin 2025.
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Citation : Juvence F. Ramasy, « Refondation et transition constitutionnelle à Madagascar », ConstitutionNet, International IDEA, 3 novembre 2025, https://constitutionnet.org/news/voices/refondation-et-transition-constitutionnelle-madagascar
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